Les parlementaires discutent des priorités et de l’adaptation de l’Alliance, notamment du renforcement de la résilience démocratique et sociétale, avec des hauts responsables de l’OTAN

03 mars 2021

Renforcer la résilience démocratique et des sociétés, améliorer la communication stratégique, s’adapter aux rapides évolutions technologiques, contrer les menaces changeantes provenant de la Russie et de la Chine, mobiliser les partenaires, investir intelligemment dans de nouveaux systèmes de défense et augmenter les dépenses de défense conformément aux engagements pris au pays de Galles, tels sont les principaux objectifs d’adaptation de l’Alliance identifiés en amont du sommet de l’OTAN 2021. Pour assurer la défense de leurs sociétés respectives, les gouvernements des Alliés n’auront d’autre choix que de cultiver des objectifs communs et d’y consacrer les ressources politiques et financières nécessaires.

Ces ambitions ont servi de fil rouge aux réunions annuelles conjointes des commissions de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN (défense et sécurité, politique, et économie et sécurité) le 1er et le 2 mars 2021. En raison de la pandémie, les rencontres se sont tenues cette année en ligne. Plus de 150 parlementaires issus de 29 pays membres de l’OTAN se sont inscrits pour échanger sur ces thématiques avec les dirigeants de l’OTAN, les représentants des pays au Conseil de l’Atlantique Nord et des experts renommés. Comme le veut la tradition, les rencontres ont été menées par la délégation belge auprès de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN) suivant les règles de Chatham House.

En ouverture, le président de l’AP-OTAN, Gerald E. Connolly (États-Unis), a souligné l’importance des réunions conjointes cette année : « Nous sommes à un tournant décisif pour l’OTAN. Cette année, les chefs d’État et de gouvernement des Alliés se rencontreront pour parler de l’adaptation de l’OTAN pour les dix prochaines années. Le secrétaire général de l’OTAN va présenter ses propositions pour l’OTAN à l’horizon 2030. Nous espérons que les dirigeants des Alliés entameront une révision du concept stratégique comme l’a recommandé notre Assemblée. » Il a ajouté : « Alors que l’OTAN façonne son avenir, nous devons faire entendre la voix de notre Assemblée. » 

L’échange annuel avec le Conseil de l’Atlantique Nord (CAN), présidé par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a été au cœur des rencontres. Toutes les parties ont renouvelé leur soutien sans faille au processus de réflexion sur l'OTAN à l’horizon 2030 et ont envisagé de nouvelles propositions pour permettre à l’OTAN de conserver son avantage dans un paysage sécuritaire qui change à toute vitesse. L’AP-OTAN a contribué à ce processus en fournissant ses recommandations au groupe indépendant d’experts sur l’OTAN à l’horizon 2030, ainsi qu’en publiant ses recommandations en novembre dernier dans la déclaration OTAN 2030 : Une Alliance plus forte et plus unie sur la scène internationale envoyée au secrétaire général de l’OTAN.

Dans leurs échanges, les intervenants et les législateurs de l’OTAN ont convenu de l’importance de renforcer la résilience des sociétés à l’heure où les institutions démocratiques sont en danger. Les parlementaires ont particulièrement soutenu les demandes de recentrage de l’Alliance autour de ses valeurs démocratiques, et plusieurs d’entre eux se sont dits fermement en faveur de la création d’un Centre de résilience démocratique au sein de l’OTAN, projet proposé en 2019 et défendu par le président de l’Assemblée Gerald E. Connolly après avoir reçu l’aval de l’Assemblée toute entière. La notion figure également dans le rapport du groupe indépendant d’experts.

Les défis liés à la pandémie de Covid-19 ont exposé de nouvelles vulnérabilités dans plusieurs domaines allant des chaînes d’approvisionnement aux lacunes des politiques publiques de santé, lesquelles requièrent aussi des sociétés plus résilientes. Les membres ont discuté de ces défis et de leurs rapports avec les nouvelles menaces militaires et sécuritaires (cyberattaques, évolution technologique, campagnes coordonnées de désinformation, etc.). L’OTAN travaille au renforcement de sa propre résilience face à de tels défis, tout en tenant compte des implications très concrètes du réchauffement climatique en matière de sécurité.

La pandémie pèse très lourdement sur les budgets nationaux, ce qui, à nouveau, soulève des préoccupations quant aux efforts fournis par les Alliés au niveau national pour respecter leur engagement de consacrer 2 % de leur PIB à la défense, et 20 % de leur budget de défense à des investissements majeurs. Sur les 30 gouvernements de l’Alliance, 9 et 24 devraient, respectivement, y parvenir pour l’année 2021.

Alors que les Alliés ont fait des efforts pour augmenter leurs dépenses de défense, certains sont encore loin de respecter les engagements pris au pays de Galles. Cela reste un sujet de préoccupation majeure pour de nombreux législateurs, lesquels continuent à demander un partage équitable des charges et le maintien des niveaux des dépenses de défense malgré d’énormes pressions fiscales et politiques. Les membres ont convenu que la pandémie avait exacerbé les risques de sécurité présents au sud et à l’est. Les budgets de défense doivent faire preuve de réalisme et tenir compte de la montée des menaces pour la paix et la sécurité.

Alors que la Russie reste une préoccupation majeure pour les planificateurs de défense de l’OTAN, l’Alliance est désormais consciente des défis potentiels que représente la Chine pour la sécurité transatlantique. Ces défis ne se limitent pas au programme de modernisation massive de l’armée chinoise ; ils concernent aussi l’espionnage industriel, les pratiques commerciales déloyales et la stratégie de Pékin visant à occuper un rôle dominant dans le développement du réseau 5G, entre autres. L’OTAN doit pouvoir surveiller ces développements. Pour cela, elle se tourne vers ses partenaires dans la région Asie-Pacifique et l’Union européenne pour identifier des intérêts communs et partager des informations. Comme pour la Russie, l’OTAN souhaite également identifier d’éventuels points de convergence entre les intérêts de ses membres et ceux de la Chine, tels que la non-prolifération et le commerce, même si ces domaines peuvent aussi faire l’objet de conflits d’intérêts.

Enfin, les participants se sont demandés comment préserver au mieux les avantages technologiques de l’OTAN face à la baisse des budgets et aux avancées scientifiques réalisées en Russie et en Chine. Ils se sont montrés favorables aux suggestions de développer un « réseau numérique » consacré aux forces armées de l’Alliance afin de favoriser l’interopérabilité malgré les disparités technologiques entre les pays, et de renforcer la coopération avec les innovateurs du secteur privé. Enfin, les parlementaires ont reconnu le besoin crucial de développer des normes éthiques autour de l’utilisation des technologies émergentes et révolutionnaires.

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