Theo FRANCKEN (Belgique) - RAPPORT
30 octobre 2023
Les réserves énergétiques, les prodigieuses richesses et la situation stratégique – entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique – des monarchies du Golfe, sans oublier les relations que celles-ci entretiennent avec l’Iran, sont autant de facteurs justifiant l’intérêt géostratégique que conserve cette région pour les pays de l’OTAN. Quant au régime iranien, ses ambitions nucléaires et le caractère agressif de sa posture militaire alimentent les tensions dans cette zone d’une grande importance stratégique, tandis que son aide directe au terrorisme ainsi qu’à la Russie dans la guerre de cette dernière contre l’Ukraine vient souligner encore la menace qu’il fait planer sur la sécurité euro-atlantique. Les événements qui surviennent dans la région tendent à avoir des répercussions immédiates sur tout le Moyen-Orient. Les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) exercent leur influence par les canaux diplomatiques officiels, certes, mais aussi via des réseaux de nature confessionnelle ou autre. La République islamique d’Iran (RII) poursuit des objectifs d’une portée plus ample en soutenant efficacement les milices qui opèrent dans la région et les filières terroristes qui infiltrent l’Europe. Par ailleurs, la Russie et la Chine sont de plus en plus actives dans le Golfe, où elles nouent des relations avec les monarchies pétrolières tout comme avec l’Iran dans le but, notamment, de nuire à l’image des pays occidentaux.
La guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine a remodelé les rapports entre l’Ouest et le Golfe dans le domaine de l’énergie. Si le maintien de forces armées européennes et nord américaines dans le Golfe peut, d’une certaine façon, rassurer les pays de la région, le paysage stratégique évolue de manière surprenante, de sorte que les gouvernements occidentaux se voient offrir de nouvelles opportunités diplomatiques en même temps qu’ils se heurtent à d’autres défis : citons l’apaisement des tensions de longue date entre le Qatar et d’autres membres du CCG, la normalisation des relations entre Israël et plusieurs États de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MOAN) – comme l’attestent les accords d’Abraham – ou encore le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite avec le concours de la Chine.
Les changements politiques sur Ia scène intérieure iranienne ne sont pas sans conséquences, eux non plus. Le mois de septembre 2022 a marqué le début d’un soulèvement populaire. Depuis lors, une colère légitime et bien visible monte contre le régime et l’application brutale de la charia. Le mécontentement provoqué par la situation économique, l’absence de liberté politique et l’incompétence notoire du gouvernement a donné naissance à un mouvement de contestation qui a galvanisé la société iranienne et qui donne à penser que les forces œuvrant pour la liberté politique du pays méritent l’appui et la solidarité de l’Ouest.
Aussi bien, dans ses conclusions, le rapporteur invite les gouvernements et les citoyens des pays alliés à réfléchir aux moyens susceptibles de permettre aux forces démocratiques iraniennes de se faire entendre et de concrétiser leurs aspirations. Il conviendrait que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) soit rangé dans la catégorie des organisations terroristes, que les ressortissants étrangers arbitrairement détenus soient libérés et qu’un nouveau consensus se forme autour d’une méthode élaborée collectivement afin de mettre un terme au programme nucléaire militaire de la RII. Si le régime venait à se doter de l’arme nucléaire, il risquerait de menacer la stabilité régionale et de déclencher une dynamique de prolifération qui exposerait autant cette partie du monde que les pays alliés à des périls encore plus grands. Ces derniers doivent en outre se rapprocher encore de leurs partenaires du Golfe pour défendre des intérêts stratégiques fondamentaux et promouvoir des valeurs aussi importantes que la sécurité humaine ou la prospérité partagée.
