2022 – RAPPORT - BALKANS OCCIDENTAUX : LA GUERRE MENÉE PAR LA RUSSIE CONTRE L’UKRAINE ET LES DÉFIS PERSISTANTS DANS LA RÉGION

Michal SZCZERBA (Pologne) - RAPPORT

19 janvier 2023

À ce jour, les Balkans occidentaux ont réalisé un certain nombre de progrès sur la voie de la transition économique et politique. Parmi les pays de la région, quatre sont devenus membres de l’OTAN et l’un d’entre eux a même accédé à l’UE. Mais la transition reste incomplète et certains signes de régression préoccupent les Alliés. La lassitude rencontrée vis-à-vis d’un nouvel élargissement de l’UE a, en son temps, assombri les perspectives d’une intégration européenne rapide de la région, de même qu’elle a entamé la motivation à faire mener des réformes difficiles et à s’attaquer au problème des tensions sociales toujours palpables dans plusieurs de ces pays. Malheureusement, cette incapacité à aller de l’avant a renforcé la position de ceux qui voudraient engager la région sur des voies moins propices à la stabilité, la transition démocratique et à une bonne gouvernance. 

Aussi, ce n’est pas un hasard si l’influence de la Russie et de la Chine y a grandi ces dernières années. Cette situation est redevenue une source croissante de préoccupation, tant en Europe qu’aux États-Unis, et elle a stimulé un regain de détermination pour s’efforcer d’aider la région à résoudre toute une série de problèmes urgents, à l’origine de l’instabilité et des tensions politiques actuelles. Les fractures − ethniques, nationales, confessionnelles et politiques − sont toutefois profondes et elles sont exploitées par des forces politiques nationales et internationales qui ne partagent pas ces objectifs d’intégration et de démocratie. 

La guerre menée par la Russie en Ukraine vient s’ajouter à la liste de ces préoccupations. La Russie a longtemps considéré cette partie du monde comme le talon d’Achille de l’Occident et elle s’est mise à exploiter ces fragilités à son propre avantage. À vrai dire, la manière dont certains de ces pays considèrent la Russie expliquent une partie des fissures profondes qui fragilisent la région. La Russie est, par exemple, un important fournisseur d’énergie pour la Serbie et Moscou n’a jamais hésité à exploiter cette dépendance à des fins politiques et diplomatiques. Aujourd’hui, il règne donc une grande incertitude sur le rôle que la Russie jouera dans la région, étant donné la guerre brutale qu’elle mène contre des villes et des civils ukrainiens et les sévères sanctions internationales prononcées à son encontre. Il est certes possible que cette situation permette aux Balkans occidentaux de gagner une certaine lucidité vis-à-vis de Moscou, mais il s’agit là d’une période très haute en risques et favorable à des regains de tension.


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