Utku CAKIROZER (Türkiye) - RAPPORT GÉNÉRAL
07 octobre 2023
Les membres de l’OTAN ont réagi à l’invasion illégale et non provoquée menée par la Russie en acheminant très rapidement des moyens d’aide en direction de l’Ukraine. Cet élan, qui concernait toutes les formes d’assistance vitale, tant militaire qu’économique, humanitaire, politique ou encore diplomatique, s’appuyait sur la conviction selon laquelle Kyiv exerçait une autodéfense légitime et que ses droits souverains justifiaient une telle mobilisation. Mais l’aide militaire apportée par les Alliés a fait ressurgir un défi stratégique croissant : en effet, compte tenu du taux de consommation des matériels militaires en Ukraine, les bases industrielles de défense des pays alliés ne sont plus en mesure, à ce jour, d’assurer le remplacement des moyens en question et partant, de réapprovisionner leurs propres stocks stratégiques affectés à l’OTAN. Cette situation, qui pèse sur l’état de préparation militaire et remet en question la capacité de dissuasion de l’OTAN face à d’éventuelles agressions futures, suscite des craintes pour la posture de dissuasion et de défense de l’Alliance.
La guerre menée par la Russie en Ukraine nous montre sans équivoque que les membres de l’OTAN doivent absolument reconstruire leurs bases industrielles de défense. Ce défi est d’autant plus difficile à relever que la conduite de la guerre traverse aujourd’hui une phase de transition. En effet, si les Alliés cherchent avant tout à rester à la pointe de la révolution technologique qui touche la vie moderne et la guerre dans tous leurs aspects, ils sont également tenus, pour assurer la dissuasion et la défense dans des environnements technologiquement dégradés, de maintenir en place des plateformes et des munitions héritées du passé. Il leur faut donc concevoir des bases industrielles de défense nouvelles, dynamiques et résilientes, à même de produire les systèmes militaires suivant des cadences dictées par un environnement stratégique plus menaçant. Mais atteindre cet objectif et ainsi, garantir le soutien de l’industrie et libérer le potentiel de l’OTAN, suppose des investissements élevés à long terme, de même qu’une révision des cadres réglementaires.
Au cours du sommet des 11 et 12 juillet 2023 tenu à Vilnius, les Alliés se sont engagés à promouvoir un environnement plus robuste et plus résilient pour les échanges commerciaux et les investissements transatlantiques liés au secteur de la défense. Le plan d’action sur la production de la défense annoncé à cette occasion a pour objectifs d’appuyer les efforts menés par les Alliés en vue d’investir dans les nouveaux besoins capacitaires dictés par les nouveaux fondements OTAN en matière de défense et de dissuasion ; de reconstituer des stocks d’armes et de munitions en diminution ; et de maintenir, sur le long cours, le soutien apporté à l’Ukraine. Comme clairement indiqué dans ce rapport général, la mise en œuvre de ce plan et la réalisation de ses objectifs vont constituer, dans la durée, un défi exigeant une volonté politique soutenue ainsi que des investissements sur le long terme.
