L’OTAN exhortée à accélérer son processus d'adaptation et à activer l’accession de la Suède

22 mai 2023

Ce lundi, les dirigeants de l’OTAN ont été exhortés à accélérer le rythme de leur vaste programme d’adaptation à l’heure où, conséquence de la guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine,  l’Alliance fait l’objet de la refonte la plus exhaustive qu’elle ait connue depuis la guerre froide et qui se traduit par la réaffirmation de son attachement aux valeurs démocratiques et par une nouvelle consolidation de son dispositif de dissuasion et de défense.  

Dans une déclaration adoptée à l’unanimité lors de la session de printemps qu’ils ont tenue du 19 au 22 mai, les membres de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN (AP-OTAN) ont également demandé aux mêmes dirigeants, qui se réuniront à Vilnius les 11 et 12 juillet prochain, de parachever promptement le processus d’accession de la Suède à l’Alliance.  

La présidente, Joëlle Garriaud-Maylam, qui présentera les recommandations de l’Assemblée au sommet de Vilnius, a estimé que, dans un monde marqué par une exacerbation des rivalités stratégiques et des conflits de valeurs, « il est bon d’en revenir aux bases, à savoir, ce qui nous définit, ce qui nous unit et ce que nous défendons. Notre identité, notre ADN réside dans nos valeurs : démocratie, libertés individuelles et état de droit. »  
Face aux tentatives menées par les régimes autoritaires pour saper les démocraties, l’Assemblée a voulu exprimer, dans cette déclaration présentée par sa vice-présidente américaine, Linda Sanchez, sa ferme conviction de la nécessité de créer au siège bruxellois de l’OTAN un centre pour la résilience démocratique.

« Le sommet de Vilnius devra charger l’OTAN de mettre en place des mécanismes, des instruments et une architecture concrets pour donner corps à un engagement renouvelé en faveur de valeurs démocratiques communes tel qu’il est inscrit dans le nouveau concept stratégique », a dit Mme Sanchez.

« Cet attachement ne saurait demeurer purement rhétorique », a-t-elle poursuivi. « Nous devons continuer à insister pour l’ouverture au siège de l’OTAN d’un centre pour la résilience démocratique ».

Par ailleurs, la déclaration exhorte les dirigeants alliés à fixer un nouvel objectif « supérieur à un niveau minimal de 2 % du PIB » en matière de dépenses et d’investissements militaires.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a mis en relief le besoin d’une augmentation des dépenses de défense des 31 Alliés. Non seulement les pays concernés ont renforcé les défenses euro atlantiques pour dissuader le président Vladimir Poutine de s’en prendre à n’importe lequel d’entre eux, mais ils ont dépensé des milliards pour soutenir l’Ukraine.

François Bausch, ministre de la défense du Luxembourg (pays hôte de la session), est revenu sur le travail accompli par l’OTAN dans une multitude de domaines, depuis l’espace jusqu’à la sécurité cybernétique, et sur l’assistance considérable que le gouvernement luxembourgeois fournit à l’Ukraine.
« Le Grand-Duché s’engage à doubler le montant de ses dépenses de défense d’ici à 2028 », a promis M. Bausch, qui a pris la parole à la séance plénière du lundi, imitant en cela le premier ministre, Xavier Bettel, et le président du Parlement, Fernand Etgen.

D’autre part, l’Assemblée a souhaité que les dirigeants alliés « fassent mieux prendre conscience du défi systémique que représente par la Chine » – notamment lorsqu’elle tente de créer avec la Russie un partenariat destiné à miner la démocratie et l’ordre fondé sur des règles –, tout en restant à la recherche d’occasions d’engager un dialogue constructif avec Pékin.

Rappelant que, il fut un temps où l’Europe avait été tributaire de l’énergie russe, le secrétaire général délégué de l’OTAN, Mircea Geoană, a mis en garde les pays alliés contre « le risque de troquer une dépendance à l’égard d’un régime autoritaire contre une autre. Cela vise essentiellement la Chine. »
« Les terres rares chinoises sont omniprésentes dans nos sociétés. Nous ne saurions donner à des régimes autoritaires la possibilité d’exploiter nos faiblesses et de nous nuire », a encore dit M. Geoană, soulignant que la Chine n’était pas un adversaire mais qu’il fallait « avoir à l’esprit le fait qu’elle ne partage pas nos valeurs – liberté, démocratie, droits humains – et qu’elle lance un défi à nos intérêts et à notre sécurité ».

Les dirigeants alliés ont été priés de s’atteler sans tarder au recensement et à l’atténuation des vulnérabilités et dépendances stratégiques, s’agissant avant tout des infrastructures d’importance vitale, des chaînes d’approvisionnement et des secteurs de l’énergie et de la santé. Cette démarche devrait être entreprise en étroite coordination avec les acteurs militaires, civils et privés.

Toujours selon la déclaration, il conviendrait aussi de renforcer le partenariat stratégique entre l’OTAN et l’Union européenne, ce qui pourrait se faire par une intensification de la collaboration et des consultations politiques autour de questions d’intérêt commun suivant une feuille de route qui concrétiserait les engagements inscrits dans la déclaration conjointe de janvier dernier sur la coopération entre l’Union européenne et l’OTAN.

De son côté, le chef de la délégation de la Suède auprès de l’Assemblée, Hans Wallmark, a émis l’espoir de voir son pays  devenir très bientôt le 32ème membre de l’OTAN. « Je ne doute pas que mon pays devienne un Allié actif, fiable et estimé à sa juste valeur », a dit M. Wallmark, qui a affirmé que la Suède comptait bien apaiser les préoccupations de n’importe quel membre de l’OTAN et qu’elle était « pleinement résolue à combattre le terrorisme avec la plus grande détermination et dans un esprit de solidarité ».

Cette session de printemps était la première à laquelle participait la Finlande en tant que membre à part entière de l’Alliance. Évoquant la contribution finlandaise à l’OTAN, le chef de la délégation de ce pays a déclaré : « La Finlande est un fournisseur – et non un consommateur – de sécurité. (...) La société finlandaise tout entière est bien préparée à l’éventualité d’une crise. Il va sans dire que l’entrée de la Suède dans l’OTAN consolidera toute l’Alliance. »

Indépendamment de l’achèvement du processus d’accession de la Suède et de la définition de celui de l’Ukraine, les parlementaires ont insisté sur la nécessité, d’une part, de prévoir des mesures d’assistance « sur mesure » pour les aspirants à l’adhésion que sont la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie et la République de Moldova et, d’autre part, d’accompagner ces pays sur la voie de leur intégration euro-atlantique.


Si l’Assemblée est, sur le plan institutionnel, distincte de l’OTAN, elle constitue un lien essentiel entre cette dernière et les parlements des pays membres de l’Alliance. Elle assure une plus grande transparence des politiques de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et permet aux législateurs et citoyens de l’Alliance de mieux comprendre les objectifs et missions de celle-ci. 

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