La pandémie ne doit pas saper les ambitions en matière de dépenses de défense

10 octobre 2021

LISBONNE – Les parlementaires des pays de l’Alliance ont averti les gouvernements de l’OTAN ce samedi qu’ils devaient continuer à adhérer aux objectifs de dépenses de défense malgré les pressions budgétaires causées par la pandémie de Covid-19 afin de pouvoir répondre à l’imprévisibilité des menaces qui planent sur eux.

« La position militaire de plus en plus agressive [de la Russie] et son recours à des tactiques de guerre de l’information », le risque d’instabilité en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les conséquences du retour au pouvoir des talibans en Afghanistan et « les politiques étrangère et commerciale agressives » de la Chine sont quelques-unes des raisons qui doivent pousser l’OTAN à respecter ses objectifs de dépenses et à assurer l’utilisation efficace des budgets de défense, a déclaré le parlementaire norvégien Christian Tybring-Gjedde.

« Tous ces défis, et je pourrais en citer bien d’autres encore, montrent que les dépenses et les investissements militaires sont nécessaires, même si de telles dépenses sont économiquement et politiquement exigeantes dans ce climat de pénurie profonde », a déclaré M. Tybring-Gjedde à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN lors de sa session annuelle cette semaine à Lisbonne.

Dans son projet de résolution pour la commission de l'économie et de la sécurité (ESC) de l’Assemblée, M. Tybring-Gjedde invite les gouvernements des États membres de l’OTAN à respecter les objectifs convenus prévoyant de consacrer 2 % du PIB à la défense, dont 20 % à l’acquisition de nouveaux équipements majeurs, à la recherche et au développement.

La commission a constaté avec inquiétude que plusieurs Alliés n’étaient pas en bonne voie de respecter ces engagements avant 2024, ce qui « pourrait saper la solidarité même qui a permis la réussite de l’OTAN ».

Les parlementaires ont conseillé aux gouvernements de l’OTAN de mettre à profit le développement du nouveau concept stratégique de l’Alliance et du processus de modernisation OTAN 2030 pour galvaniser la volonté politique de respecter ces engagements de sécurité fondamentaux et pour approfondir la coopération de manière à améliorer l’utilisation efficace des maigres ressources affectées à la défense.

Cela doit passer notamment par la consolidation des industries de défense, une meilleure interopérabilité des forces armées des Alliés et le développement de capacités multinationales.

Il a également été avancé lors des échanges que l’influence croissante de la Russie au Bélarus et l’intensification de la coopération militaire avec le gouvernement autoritaire du pays montrent bien que l’OTAN doit maintenir un niveau de défense adéquat.

« Si la sécurité régionale venait à se dégrader ou si la Russie procédait à des déploiements militaires provocateurs, les Alliés devraient prendre des mesures pour renforcer la dissuasion dans la région et rassurer ainsi les membres qui s’y trouvent et en ont un besoin crucial », avance un projet de rapport présenté par le parlementaire polonais Michal Szczerba.

Il invite instamment les gouvernements des Alliés à maintenir des sanctions « dures, mais ciblées » à l’encontre des représentants et des entreprises bélarussiens engagés dans la répression de la démocratie.

Le président de l’AP-OTAN Gerard. E. Connolly, qui a participé aux débats de la commission, a condamné le « comportement méprisable » du régime bélarussien qui instrumentalise les migrants dans son opposition à l’Occident. Il a également souligné l’importance de contrer l’ingérence russe dans le pays.

« Agir avec force, collectivement, affirmer nos valeurs démocratiques, résister à l’ingérence russe à tous les égards, est une mission importante de cette assemblée et de l’OTAN elle-même », a-t-il déclaré.

Bien que l’économie mondiale semble récupérer des effets de la pandémie, le parlementaire turc Faik Öztrak a mis en garde contre les risques qui persistent alors que les gouvernements subissent les charges de la dette, des pénuries d’approvisionnement et de main-d’œuvre et le risque du retour de l’inflation.

L’incapacité de réformer le système économique libéral de façon à élargir l’éventail des possibilités, minimiser la corruption et renforcer la démocratie pourrait aider la Russie et la Chine à affirmer que « le pouvoir autoritaire [est] la panacée », écrit-il dans un projet de rapport.

M. Öztrak a également souligné l’importance de soutenir les campagnes de vaccination mondiales afin de protéger les populations vulnérables et d’empêcher la mutation du coronavirus en de nouveaux variants dangereux.

Cet appel a été repris par José Manuel Barroso, président du conseil d’administration de Gavi -The Vaccine Alliance, organisation internationale sous forme de partenariat public-privé dans le secteur médical ayant pour objectif d’augmenter l’accès à l’immunisation dans les pays pauvres.

« Tant que le monde entier n’est pas protégé, le virus continuera à circuler, ce qui prolongera la pandémie et le risque d’émergence de variants potentiellement plus dangereux et plus contagieux », a expliqué l’ancien président de la Commission européenne. « Cela nous met tous en danger. »