Près de 120 parlementaires issus de 28 pays membres de l’OTAN et de la Suède, pays invité, étaient rassemblés du 20 au 22 février à l’occasion des réunions conjointes des commissions de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, qui se tiennent une fois par an à Bruxelles. En consultation avec de hauts responsables de l’OTAN, ils se sont penchés sur le soutien indéfectible que les Alliés fournissent à l’Ukraine ainsi que sur l’important processus d’adaptation de l’OTAN enclenché dans le sillage du sommet historique de Madrid en juin dernier. 

Près d’un an après le début de la guerre d’agression totale menée par la Russie contre l’Ukraine, les législateurs alliés ont exprimé leur soutien sans faille à l’Ukraine, sa souveraineté, son intégrité territoriale, sa démocratie et son droit à la légitime défense et à l’autodétermination. Ils ont également souligné que la Russie devait être tenue responsable de tous ses crimes en Ukraine, notamment le crime d’agression, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les possibles actes de génocide. En outre, ils ont instamment invité les Alliés à envisager d’utiliser les actifs russes gelés pour financer la reconstruction de l’Ukraine. 

Dès le premier jour, l'OTAN et les Alliés ont condamné la nouvelle guerre menée par la Russie et ont affiché leur solidarité envers l’Ukraine. Ils continuent, jour après jour, d’accélérer et d’augmenter l’assistance militaire, humanitaire et financière qu’ils fournissent à Kiev. À travers le processus du groupe de contact sur la défense de l'Ukraine, les gouvernements des Alliés livrent des équipements militaires très divers à l’Ukraine, donnant la priorité aux munitions et à la défense aérienne. Parallèlement, dans le cadre de l’ensemble complet de mesures d’assistance renforcées, l’OTAN fournit une assistante militaire non létale ainsi qu’une aide humanitaire, et approfondit sa coopération pratique avec l’Ukraine.

Dans un premier temps, le Kremlin pensait l’emporter sur l’Ukraine en quelques jours. C’était une terrible erreur d’appréciation. Toutefois, malgré de lourdes pertes, le président Poutine persiste. Il ne faut pas sous-estimer la capacité de la Russie à regénérer des capacités affaiblies, ni sa volonté à poursuivre le combat, ont mis en garde plusieurs interlocuteurs, et ce malgré les importantes pertes matérielles et humaines qu’elle a subies. 

De son côté, l’OTAN a adapté sa posture de dissuasion et de défense à une situation fondamentalement différente en matière de sécurité. Le processus, entamé dès 2014 après l’annexion illégale et illégitime de la Crimée par la Russie, a été renforcé de manière significative après le début de la guerre totale le 24 février 2022. Les huit groupements tactiques multinationaux dont dispose l’OTAN tout au long de son flanc est, de la mer Baltique à la mer Noire, constituent l’élément central de la posture de défense et de dissuasion renforcée.

Parmi les autres sujets que les parlementaires ont abordés, on peut citer le rôle fondamental que joue actuellement la dissuasion nucléaire de l’OTAN, la question de l’innovation et des technologies émergentes et de rupture, ainsi que l’importante contribution de la défense aérienne et antimissile intégrée de l’Alliance.

Même s’il reste encore beaucoup à faire, les Alliés ont bien progressé dans la réalisation des objectifs de dépense et d’investissements de défense de l’OTAN. Les parlementaires ont été informés qu’il est de plus en plus admis, au sein des capitales des pays de l’Alliance, que l’objectif de dépense de 2 % du PIB constitue une exigence minimale et non un plafond. Le fil rouge de ces échanges était la nécessité de reconstituer les stocks d’équipements épuisés en soutenant davantage la base industrielle de défense.

Lors du sommet de Madrid en juin 2022, les chefs d’État et de gouvernement des Alliés ont adopté un nouveau concept stratégique comportant plusieurs points inédits. Celui-ci reconnaît notamment que les ambitions et le comportement de la Chine représentent un défi pour les intérêts, la sécurité et les valeurs des Alliés. Les parlementaires ont exprimé leur préoccupation quant aux risques posés par une coopération plus étroite entre la Russie et la Chine.

En mettant particulièrement l’accent sur les valeurs démocratiques partagées, sur lesquelles repose la cohésion des Alliés, le concept stratégique les place au cœur de la réponse de l’Alliance aux menaces et aux défis actuels. Les parlementaires ont souligné l’importance d’agir sur cet engagement, notamment à travers la création d’un centre pour la résilience démocratique au siège de l’OTAN.

Les membres ont également échangé au sujet des efforts menés par l’OTAN et l’UE en réaction aux activités hostiles de désinformation de la part de la Russie. L’OTAN comme l’UE adoptent peu à peu un comportement plus proactif que réactif afin de contrer la désinformation, notamment en diffusant des récits à plus grande étendue et en éduquant sur la construction et la diffusion des fausses informations (« pre-bunking »).

Enfin, les parlementaires de l’OTAN ont cherché à déterminer comment maintenir les approvisionnements énergétiques essentiels à court terme tout en préparant l’adoption de nouvelles sources d’énergie plus durables et plus sûres à long terme. Il n’est pas simplement question d’économie, ont remarqué de nombreux intervenants ; c’est un enjeu de sécurité fondamental qui doit être traité le plus rapidement possible.

Les réunions se sont ouvertes par une minute de silence en hommage aux victimes des terribles séismes qui ont frappé la Türkiye. Les parlementaires ont exprimé leur solidarité avec le pays à plusieurs reprises pendant les trois jours.

Les membres ont également présenté leurs condoléances à la délégation grecque après le décès de l’un de ses responsables, Manousos Voloudakis, ancien vice-président du Groupe spécial Méditerranée et Moyen-Orient de l’AP-OTAN.

Les réunions de la commission de la défense et de la sécurité, de la commission de l’économie et de la sécurité et de la commission politique sont organisées chaque année par le parlement belge suivant les règles de Chatham House. S’y tiennent des interventions de hauts représentants de l’OTAN et de l’UE, ainsi que la réunion conjointe annuelle entre la direction de l’Assemblée et le Conseil de l’Atlantique Nord.

Photo de couverture gracieusement fournie par le service public fédéral des Affaires étrangères de Belgique.
Photos des réunions