2020 - RAPPORT - LE PARTENARIAT OTAN-UE DANS UN CONTEXTE MONDIAL EN MUTATION

Sonia KRIMI (France)

29 octobre 2020

La relation entre l'OTAN et l'Union européenne (UE) – vraisemblablement les deux blocs multinationaux les plus performants de l'histoire moderne – est un thème récurrent dans les débats politiques internationaux, en Europe mais aussi dans l’OTAN, dont certains des membres, notamment sur les flancs sud ou ouest, ne sont pas (ou ne sont plus) membres de l’Union européenne. Il va de soi que les deux organisations doivent s'accorder. Toutes deux sont continuellement confrontées à la demande d'une coopération et d'une synergie accrues. Cette revendication découle des racines communes de ces deux organisations dans l'environnement de l'après guerre (toutes deux représentaient des instruments visant à assurer la stabilité et la paix en Europe occidentale), du chevauchement de leurs membres (21 membres en commun), mais aussi de l'allégeance déclarée à un même ensemble de valeurs (démocratie, libertés individuelles et État de droit), ainsi que de la nécessité d'unir les efforts pour relever les nouveaux défis de l'ère postindustrielle, dont la liste vient d’être complétée par la nécessité de faire face aux urgences sanitaires mondiales. Les deux organisations ont adopté une approche globale de la sécurité, ce qui facilite une coopération plus étroite entre elles malgré leurs nature et mandat différents (l'OTAN est purement intergouvernementale tandis que l'UE a une importante composante supranationale).

L'état actuel des relations entre l'UE et l'OTAN présente un certain paradoxe. D'une part, les dernières années ont vu l'essor de déclarations communes, de réunions et de projets communs ainsi qu'un niveau inégalé de coordination des activités et de partage d’informations. D'autre part, l’UE et l'OTAN se parlent enfin au quotidien. Toutefois, paradoxalement, ce rapprochement s'inscrit dans le contexte de tendances centrifuges croissantes au sein de la communauté euro-atlantique. Le partenariat entre l'OTAN et l'UE reste largement tactique plutôt que stratégique. Les questions clés (comment rendre plus substantielle cette coopération et éviter les duplications non nécessaires) et les dilemmes (comment faire progresser les capacités de défense de l'Europe sans remettre en cause l'unité de l'OTAN) restent encore à résoudre pleinement. Plus important encore, le retour de la géopolitique et de la concurrence entre grandes puissances ainsi que l’affadissement du souvenir de l’appui apporté par les États-Unis à l’Europe pendant la seconde guerre mondiale et la guerre froide remettent en question les fondements mêmes du partenariat OTAN-UE. À long terme, les perspectives de ce partenariat dépendront non seulement de la résolution de problèmes pratiques tels la coordination des processus de planification de la défense, mais aussi de la capacité de l'OTAN et des membres de l'UE à régénérer leur cohésion idéologique et à rétablir le sentiment de confiance et de solidarité.   [...] 


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