Londres, le 14 octobre 2019 – À l’issue de sa 65e session annuelle, l’Assemblée parlementaire de l’OTAN a adopté lundi dernier une série de recommandations adressées aux gouvernements des pays alliés et consacrées à des problèmes de sécurité allant de la dissuasion nucléaire à la cybersécurité, en passant par l’Afghanistan et les menaces qui pèsent sur le continent africain.
Lors d’une séance plénière qui venait couronner quatre jours de débats, les participants ont recommandé aux pays alliés de mettre à jour le concept stratégique de l’OTAN « de manière à ce qu’il reflète le nouvel environnement de sécurité, notamment eu égard aux menaces cybernétiques et hybrides, au comportement agressif de la Russie, à l'importance croissante de la Chine et aux menaces pesant sur le flanc sud de l’Alliance en raison de la persistance de groupes terroristes islamistes et de la fragilité de certaines structures étatiques dans cette zone ».
La Russie figurait en bonne place à l’ordre du jour de la session, essentiellement pour ses contraventions au Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire et pour les menées déstabilisatrices qu’elle continue à fomenter en Ukraine.
La Russie semble plus encline aux mises à l’épreuve, aux coups de sonde et aux provocations plutôt qu’au dialogue et à la coopération ; elle semble aussi plus intéressée par la course aux armements que par leur maîtrise.
Madeleine Moon, présidente de l'AP-OTAN
Toujours selon Mme Moon, « L’OTAN doit décider de la réponse à opposer aux efforts de la Russie pour mettre au point de nouveaux vecteurs nucléaires aux caractéristiques inquiétantes. »
Dans une résolution sur l’avenir de la maîtrise des armements, les membres de l’Assemblée ont estimé qu’au vu du travail de sape dont les accords internationaux de maîtrise des armements nucléaires faisaient l’objet de la part de la Russie les gouvernements alliés devaient « continuer de soutenir le maintien, par l’Alliance, d’une dissuasion nucléaire sûre, sécurisée, forte, performante et dotée de capacités de survie comme pilier central de sa politique de défense et de dissuasion. »
Par ailleurs, les gouvernements alliés ont été instamment priés de mettre en place des cyberdéfenses, y compris par l’adoption d’ici à la fin de l’année d’une doctrine propre au cyberespace, d’une part, et de « lutter contre les cybercampagnes répétées à l’aide d’une combinaison adaptée de mesures de sécurité, de défense et de dissuasion. »
Pour ce qui est de l’Afghanistan, l’Assemblée a recommandé aux Alliés de maintenir leur assistance aux forces de défense et de sécurité de ce pays « ANDSF en renforçant l'efficacité des programmes d'assistance à la sécurité en cours afin de mettre sur pied une force militaire compétente, autonome et professionnelle ».
Une résolution portant sur les problèmes de sécurité relatifs à l’Afrique pressait les Alliés de « à améliorer la connaissance de la situation en augmentant les capacités d’alerte rapide pour surveiller l'instabilité et la sécurité en Afrique », y compris en partageant de façon plus efficace entre eux-mêmes et leurs partenaires les données du renseignement disponibles.
Au cours d’un débat de plus d’une heure auquel ont également pris part des dizaines de hauts responsables, ministres britanniques, spécialistes et parlementaires, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a observé que « l’équilibre du pouvoir dans le monde se modifi[ait] et que nos valeurs [étaient] remises en question ».
« La Russie n’est pas devenue le partenaire que nous escomptions », a ajouté M. Stoltenberg, qui présidera un sommet des dirigeants alliés dans la capitale britannique au début du mois de décembre. « L’instabilité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord n’a pas disparu, en dépit des formidables victoires que nous avons remportées sur Daech en Iraq et en Syrie. »
« La ligne de démarcation entre la paix et la guerre est de plus en plus floue. Nos adversaires recourent à des tactiques hybrides pour saper nos institutions, nos valeurs et nos démocraties », a insisté M. Stoltenberg. « Nous devons continuer à démontrer qu’il est toujours préférable de collaborer que d’agir dans son coin. »