Bruxelles, le 30 octobre 2018 - Si l’OTAN et l’ONU entretiennent de bonnes relations opérationnelles, le potentiel d’une coopération rapprochée entre les deux organisations reste largement inexploité, notamment sur le plan politique. Voilà le message principal qu’a reçu la sous-commission sur les relations transatlantiques (PCTR) au cours d’une visite à New York et à Boston du 22 au 26 octobre 2018.
Rosemary A. DiCarlo, secrétaire générale adjointe aux affaires politiques des Nations unies, et le général de corps d’armée Carlos Humberto Loitey, conseiller militaire et sous-secrétaire général pour les opérations de maintien de la paix, ont fait état des bonnes relations opérationnelles qu’entretiennent l’OTAN et l’ONU depuis la signature en 2008 de la déclaration sur la coopération entre l’ONU et l’OTAN. Les représentants de l’ONU ont remercié l’OTAN pour son soutien aux opérations de maintien de la paix (OMP) de l’ONU. Ils ont ajouté que les deux organisations partageaient des préoccupations semblables sur le plan de la sécurité dans de nombreuses régions du monde, dont le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, ainsi que les Balkans occidentaux. De plus, la coopération sur le terrain se passe généralement très bien. L’OTAN pourrait apporter une plus grande valeur ajoutée à l’ONU, et à ses OMP en particulier, dans plusieurs secteurs. On peut citer, entre autres, le partage d’informations, la cybersécurité et les meilleures pratiques. Le partage d’informations permettrait d’améliorer la connaissance situationnelle des agents de maintien de la paix de l’ONU tout en renforçant l’efficacité générale de la diplomatie préventive, a commenté Mme DiCarlo. À l’heure où la cybersécurité devient un enjeu de sécurité internationale de plus en plus important, l’ONU pourrait également bénéficier de l’assistance de l’OTAN dans ce domaine, a-t-elle ajouté.
Parallèlement, comme la délégation l’a appris sur place, des contraintes politiques continuent à freiner l’approfondissement des relations OTAN-ONU. De nombreux États membres de l’ONU, dont la Russie et la Chine, ainsi que des pays non-alignés, voient l’Alliance d’un œil sceptique, pour ne pas dire méfiant. Ceci est déplorable, car les États membres de l’OTAN possèdent la capacité et la volonté politique d’apporter une aide accrue à l’ONU. Pour dépasser ce verrou politique, les Alliés pourraient mettre plus en évidence l’aide qu’apporte l’OTAN à ses nombreux pays partenaires, y compris certains pays qui expriment leur réserve dans le contexte des Nation unies.
Mme DiCarlo a également remarqué que la tendance au « multilatéralisme à la carte » de certains pays membres de l’ONU posait un défi supplémentaire sur le plan de la sécurité internationale. « Le système international fondé sur des règles tel que nous le connaissons est menacé », a-t-elle averti.
Le risque d’une résurgence du populisme au sein des États membres de l’OTAN et partout dans le monde a été abordé au cours de plusieurs rencontres avec des experts indépendants. Monica Duffy Toft, professeure à The Fletcher School, Tufts University, impute ce phénomène à trois tendances principales : la modernisation et son manque de résultats, la démocratisation et ses promesses de résultats, ainsi que la mondialisation et sa capacité de bouleversement. Alors que les partis et les élites traditionnels ont du mal à s’adapter sans compromettre leurs principes fondamentaux de gouvernance, le populisme semble s’installer dans la durée, a-t-elle conclu. Malgré l’importance des défis à venir qui découleront certainement de cette tendance, les États membres de l’OTAN, ainsi que l’Alliance elle-même, sont capables de les surmonter avec succès, ont indiqué Dr Richard K. Betts, chercheur principal associé d’études de sécurité nationale au Council on Foreign Relations, et l’ambassadeur Nicholas Burns, professeur de la pratique de la diplomatie et de relations internationales à la Kennedy School of Government de Harvard.
La sous-commission a également eu l’opportunité de découvrir l’impact de l’évolution rapide de la technologie sur la sécurité internationale au cours de présentations à Akamai Technologies, fournisseur de réseaux de diffusion de contenu (CDN) pour la diffusion de médias et de logiciels, ainsi qu’à Endeavor Robotics, entreprise de conception robotique et constructeur de véhicules terrestres autonomes.
Les technologies les plus récentes de maintien de l’ordre et d’antiterrorisme ont fait l’objet de présentations lors d’une visite au Lower Mahattan Security Initiative (LMSI). De plus, au cours d’une visite à l’Emergency Operations Center du New York Police Department, les délégués ont pu obtenir de précieuses informations sur les responsabilités et les procédures de gestion des urgences de la ville de New York.
La délégation était menée par le vice-président Mike Gapes (Royaume-Uni), et comptait 20 membres issus de dix États membres de l’OTAN. Un certain nombre de sujets abordés au cours de cette visite sont également évoqués dans les rapports de 2018 de la commission politique.
Les photos de la visite sont disponibles sur Flickr
Un rapport détaillé de la mission sera bientôt disponible sur le site de l’AP-OTAN.