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Kiev, le 17 juin 2016 – Malgré un cessez-le-feu officiel, les combats dans les régions de Louhansk et Donetsk, à l’Est de l’Ukraine, s’intensifient. Des soldats ukrainiens sont tués pratiquement tous les jours. Alors que Moscou continue à attiser le conflit et à ignorer ses obligations les plus fondamentales en vertu des accords de Minsk, Kiev a clairement fait savoir à ses partenaires occidentaux que l’organisation d’élections au Donbass dans le respect des normes internationales était impossible dans le contexte actuel. Les gouvernements occidentaux doivent au contraire accentuer leur pression sur la Russie pour que cette dernière retire l’ensemble de ses forces armées et autorise l’Ukraine à rétablir son contrôle sur les frontières avec la Russie. Les responsables ukrainiens ont défendu leur cause lors d’un séminaire parlementaire de haut niveau organisé par l’AP-OTAN à Kiev du 14 au 16 juin 2016.
Les responsables ukrainiens ont rejeté la version russe du conflit, selon laquelle il opposerait d’une part Kiev et, d’autre part, ce que Moscou appelle une « minorité russe » dans la région du Donbass. Au contraire, les responsables ukrainiens soulignent que les prétendus séparatistes sont dirigés par des officiers de l’armée régulière russe, entièrement placée sous commandement russe. L’intervenant principal au séminaire, Pat Cox, ancien président du Parlement européen, a estimé que la situation dans l’Est de l’Ukraine n’était rien moins qu’une paix hybride et a prévenu les législateurs de l’OTAN que le pays aura encore besoin du soutien international, en les exhortant à éviter les écueils d’une « lassitude envers la situation ukrainienne ».
Quelques jours avant que l’UE ne se prononce sur l’élargissement ou non des sanctions à l’encontre de la Russie, des représentants ukrainiens et des experts indépendants, qui se sont exprimés dans le cadre du séminaire, ont appelé les parlementaires des pays membres de l’OTAN à continuer à faire front commun. La levée des sanctions serait considérée par un Vladimir Poutine « armé et très dangereux », selon les termes du célèbre journaliste russo-ukrainien Evgueni Kisseliov, comme une invitation à intensifier sa politique agressive. Olena Zerkal, vice-ministre des affaires étrangères, a appelé les gouvernements alliés à ne pas brader les valeurs occidentales, tandis qu’Edward Lucas, premier vice-président du Centre d’analyse des politiques européennes (CEPA), a fait remarquer que « la Géorgie, la Moldova et l’Ukraine paient le prix de notre politique d’apaisement de la Russie ». L’ancien ministre islandais des affaires étrangères, Ossur Skarphedinsson, a proposé l’exclusion de la Russie du système de virement bancaire Swift comme élargissement possible des sanctions. Refat Chubarov, président de l’Assemblée des Tatars de Crimée, a vivement invité la communauté internationale à maintenir les sanctions jusqu’au rétablissement complet de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Il a également indiqué qu’une différence de traitement entre le Donbass et la Crimée était inacceptable.
Les représentants ukrainiens ont souligné l’engagement ferme du gouvernement ukrainien à réformer en profondeur les institutions et la défense du pays, malgré les contraintes liées à la gestion parallèle d’un conflit. Le pays a progressé sur plusieurs fronts, et a notamment réorienté ses échanges vers les marchés occidentaux, mais beaucoup reste à faire, et la résistance au changement demeure forte. Mustafa-Masi Nayyem, président de la commission de la Verkhovna Rada pour l’intégration européenne, a indiqué que le pays était pris en tenaille entre ceux qui manquent de volonté pour réformer le système et ceux qui manquent d’expérience et d’influence pour le faire.
La lutte contre la corruption, un mal profondément enraciné, est au cœur des efforts visant à remanier la vie institutionnelle du pays. L’Ukraine a créé un bureau d’enquête indépendant pour s’attaquer à la corruption et a pris un certain nombre de mesures pour garantir son fonctionnement sans la moindre ingérence politique. Cependant, des représentants de la société civile ont indiqué que l’ancien système de corruption persistait, et se sont prononcés en faveur d’un soutien international permanent. La sénatrice canadienne, Raynell Andreychuk, l’une des coprésidents du Conseil interparlementaire Ukraine-OTAN (UNIC), le forum bilatéral de l’Assemblée avec l’Ukraine, a invité ses homologues occidentaux à faire preuve de patience à l’égard du processus de réforme engagé en Ukraine. Il a également exhorté ses homologues ukrainiens à rassurer pleinement leurs partisans sur leur volonté d’engager des réformes.
Le sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’OTAN, qui se tiendra prochainement à Varsovie, devrait inclure une rencontre spéciale de la commission OTAN-Ukraine. Les chefs d’État et de gouvernement doivent également valider un programme complet d’assistance à l’Ukraine. Le président de la Verkhovna Rada, Andriy Parubiy, a souligné que la priorité de l’Ukraine dans ses relations avec l’OTAN était d’approfondir la coopération afin de préparer son éventuelle adhésion. Dans le même temps, il a précisé que personne ne pourrait dicter la conduite à suivre par l’Ukraine.
Le séminaire conjoint, intitulé « La transformation de l’Ukraine dans un contexte régional troublé », a été organisé en coopération avec la Verkhovna Rada d’Ukraine et le centre de documentation et d’information de l’OTAN d’Ukraine et s’est déroulé dans le cadre du programme Rose-Roth, de l’UNIC et des deux sous‑commissions de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN consacrées aux partenariats de l’OTAN et à la transition et au développement. L’événement a rassemblé plus de 160 participants, dont près de 80 parlementaires des 25 pays membres de l’OTAN et de pays partenaires.
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