Varsovie, le 26 mai 2018 – Moscou continue à utiliser ses immenses ressources énergétiques comme arme politique contre les pays occidentaux, même si les récents efforts de l’Europe pour réduire sa dépendance vis-à-vis des importations de pétrole et de gaz russes ont été couronnés de succès. Tel est le message transmis samedi aux parlementaires de l’OTAN.
La parlementaire lituanienne Ausrine Armonaite, qui a présenté à l’Assemblée un projet de rapport sur le thème de la sécurité énergétique, a déclaré : Il ne faut pas considérer la Russie comme un acteur normal du marché énergétique. (...) Nous devons comprendre les liens qui existent entre son secteur de l’énergie et son comportement agressif sur le plan géopolitique – et la menace qui en découle pour nous tous.Depuis les avertissements lancés par Moscou sous forme d’interruptions de l’approvisionnement énergétique en 2006 et 2009, l’Europe et, surtout les pays d’Europe centrale et orientale sont parvenus à réduire leur dépendance.
Au nombre des mesures prises à cet effet figurent la mise en place d’installations spécifiques pour le gaz naturel liquéfié, le recours à d’autres fournisseurs (les États-Unis, par exemple), l’exploitation accrue de sources d’énergie renouvelable, ainsi que l’aménagement d’autres infrastructures et l’introduction d’une nouvelle réglementation du marché, ce qui a facilité l’acheminement du gaz et du pétrole au sein de l’Europe.
Aussi longtemps que les clients de la Russie disposeront d’autres options, ses moyens de pression seront limités
(Ausrine Armonaite, parlementaire lituanienne)
Cependant, grâce à l’abondance de ses ressources, ce pays restera un fournisseur énergétique de première importance ; aussi les Alliés occidentaux doivent-ils se montrer vigilants face à ses tentatives de mettre à profit cet atout économique pour élargir son influence sur la scène internationale, poursuit le rapport.
Dans ce contexte, plusieurs intervenants ont critiqué le projet de gazoduc Nord Stream 2, destiné à transporter le gaz russe sous la mer Baltique vers l’Allemagne et au-delà.
D’impérieuses raisons de sécurité exigent que ce projet soit arrêté
(Anders Åslund, chercheur au Conseil atlantique, devant la commission de l’économie et de la sécurité)
Selon M. Åslund, Nord Stream 2 risque d’aggraver la dépendance de l’Allemagne envers le gaz russe, tout en permettant au Kremlin de peser davantage sur l’Ukraine et d’autres pays d’Europe de l’Est contournés par le gazoduc.
les Allemands doivent bien se rendre compte des dangers d’une telle situation géopolitique.
(Menno Kip, parlementaire néerlandais)
Dans son projet de rapport, Mme Armonaitė suggère, elle aussi, de ne pas construire le gazoduc.
Elle recommande aux pays européens de négocier collectivement des contrats de fourniture de gaz avec la Russie ; par ailleurs, elle plaide pour une stricte application des règles de la concurrence de l’Union européenne à l’égard de Gazprom, ce géant russe de l’énergie, demande une multiplication des infrastructures propres à faciliter l’approvisionnement auprès d’autres sources et préconise plus de transparence et d’ouverture pour les marchés énergétiques, de manière à prévenir la corruption.
Plus la transparence et la concurrence reculent sur le marché de l’énergie, plus la corruption prospère (…) Voilà pourquoi ces deux facteurs sont essentiels à la construction d’un système énergétique plus sûr pour l’Europe.
(Ausrine Armonaite)