Bruxelles, 20 septembre 2017 – « Le nord du Canada est au cœur de notre identité », a déclaré le sous-ministre adjoint à la sécurité internationale et aux affaires politiques du Canada au Global Affairs Canada, Mark Gwozdecky, lors d’une rencontre avec des parlementaires de pays membres de l’OTAN à Ottawa. « Cette région est placée sous le triple signe de la beauté, de la prévisibilité et de la coopération et nous devons veiller à ce qu’elle le reste. »
Entre le 11 et le 15 septembre, une délégation de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN s’est rendue successivement à Ottawa, Yellowknife et Resolute. Conduite par la vice-présidente de la commission des sciences et des technologies, Maria Martens (Pays-Bas), elle se composait de 31 parlementaires de 17 pays membres de l’Alliance et de membres de la sous-commission sur les relations économiques transatlantiques (ESCTER). Cette délégation a été accueillie par la cheffe de la délégation du Canada auprès de l’Assemblée, Leona Alleslev.
Comme tous les pays arctiques, le Canada doit faire face aux conséquences du changement climatique dans le Nord. « L’Arctique se réchauffe beaucoup plus rapidement que d’autres régions », a expliqué Louis Fortier, directeur scientifique d’Arcticnet, un réseau de centres d’excellence du Canada. En matière de changement climatique planétaire, la région fait office de « canari dans la mine ».
La délégation a examiné et activement débattu les points de vue des autorités canadiennes sur les grandes questions arctiques, dont le changement climatique, la soutenabilité économique, l’exploitation des ressources naturelles et les relations avec les communautés septentrionales.
Bon nombre de discussions ont eu pour thème central la modification des politiques de défense et de sécurité du Canada dans l’Arctique. Sur la scène politique nationale, les répercussions des problèmes stratégiques mondiaux pour l’Arctique canadien, et la nature de la politique de défense et de sécurité que le gouvernement devrait adopter dans cette région, font l’objet de vifs débats depuis des années.
Les discussions entre législateurs, responsables gouvernementaux et spécialistes ont donc essentiellement porté sur la nouvelle politique de défense du pays, « Protection, sécurité, engagement », qui a été rendue publique en juin dernier et qui marque un tournant décisif dans la stratégie canadienne, puisqu’elle comporte l’engagement de « mener des exercices conjoints avec nos alliés et nos partenaires dans l’Arctique et [de] contribuer au renforcement de la connaissance de la situation et des moyens d’échange d’informations dans la région, notamment avec l’OTAN ».
La directrice générale de la planification des politiques au ministère de la défense nationale, Isabelle Desmartis, a indiqué que, sans constater de menace militaire directe pour l’Arctique, les autorités canadiennes convenaient toutefois que la Russie s’employait à augmenter sa capacité de projection de puissance dans l’Atlantique Nord.
Mme Desmartis a souligné que son pays n’avait pas pour objectif de militariser le Nord mais qu’il était très difficile de dissocier la sécurité du Canada de celle du monde entier. L’environnement de sécurité a changé, a-t-elle rappelé ; l’Arctique suscite un intérêt accru et les activités s’y font plus nombreuses. Aussi la défense continentale a-t-elle gagné en importance. M. Gwozdecky a cependant qualifié d’exagération l’image trop souvent répandue d’une région arctique où régnerait une situation digne du « Far West » et a déclaré que les différends internationaux continuaient d’être traités pacifiquement.
La plupart des spécialistes ont partagé cet avis, mais Rob Huebert, de l’Université de Calgary, a fait observer qu’après la guerre froide la communauté internationale avait cru – à tort – « qu’il n’y avait plus lieu de parler de géopolitique dans l’Arctique ». Mais depuis lors, a soutenu M. Huebert, « les choses ont repris de plus belle » et le Canada doit adapter son comportement en conséquence.
Les investissements relatifs aux capacités arctiques occupent une place importante dans les prévisions budgétaires à long terme du Canada pour le secteur de la défense. Profitant d’une augmentation du budget militaire , prévue pour atteindre + 70 % entre 2016-2017 et 2026-2027, les autorités canadiennes :
- amélioreront la mobilité, le rayon d’action et la présence de leurs forces armées dans l’Arctique,
- créeront une zone nationale d’identification de la défense aérienne,
- renforceront les Rangers canadiens,
- investiront dans de nouvelles capacités de surveillance et de contrôle, et
- organiseront des exercices conjoints avec des pays alliés ou partenaires de la région arctique.
La délégation a eu l’occasion de se familiariser davantage avec la politique arctique du Canada d’un point de vue pangouvernemental en visitant deux villes importantes de l’Arctique canadien : Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, et Resolute, dans le Nunavut. Elle a pu ainsi discuter avec des représentants des forces armées canadiennes, dont des responsables de la Force opérationnelle interarmées (Nord), des Rangers canadiens du 440e escadron de transport, du Centre d’instruction dans l’Arctique et de la Garde côtière.
De surcroît, elle a rencontré les représentants d’agences civiles qui jouent un rôle crucial dans le Nord : l’Agence canadienne de développement économique du Nord, Ressources naturelles Canada, Savoir polaire Canada, Environnement et Changement climatique Canada et le Service canadien des glaces.
Enfin, la délégation est montée à bord du CCGS Henry Larsen, un brise-glace amélioré de la classe Pierre Radisson ayant pour port d’attache Saint-Jean (île de Terre-Neuve) et ancré dans la baie de Resolute.
Un rapport détaillé consacré à cette visite sera publié à l’automne 2017.