Tbilissi, le 27 mai 2017 – Ce samedi, plusieurs participants à la session de printemps de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN ont appelé à une intensification de la coopération entre l’OTAN et l’Union européenne pour faire échec à la menace terroriste et s’atteler à la résolution de divers problèmes de sécurité d’une gravité croissante ; d’autres ont invité les pays européens à renforcer leurs capacités de défense.
« La mutation rapide de l’environnement sécuritaire européen (...) engendre une dynamique nouvelle qui va dans le sens d’une coopération effective et efficace entre l’OTAN et l’Union européenne », a indiqué le député hongrois Attila Mesterházy dans un projet de rapport présenté durant la session.
Au nombre des facteurs qui, sur le continent européen, estompent la distinction entre sécurité intérieure et sécurité extérieure, le rapport cite les attentats terroristes, les flux migratoires déstabilisants, les cybermenaces et les menaces hybrides émanant de la Russie.
Dès lors, une nette séparation entre une OTAN chargée d’assurer la défense et la dissuasion contre les périls extérieurs et une Union européenne faisant office de cadre pour la sécurité intérieure de ses membres ne semble plus viable au XXIe siècle, Lit-on encore dans le projet de rapport.
Ce débat intervenait dans le prolongement immédiat du sommet que l’OTAN a tenu jeudi à Bruxelles et à l’occasion duquel les dirigeants des 28 pays de l’Alliance ont instamment demandé un renforcement de l’action conjointe contre le terrorisme et un engagement accru de l’Europe en faveur de la défense.
Dans son rapport, M. Mesterházy fait observer que les pays alliés et les États membres de l’Union européenne jouent déjà un rôle majeur dans la lutte contre le terrorisme en agissant sur le plan sécuritaire et militaire, certes, mais aussi en tentant de venir à bout du phénomène de radicalisation et de traiter les causes profondes du terrorisme.
Une coopération entre les deux entités pourrait avoir un retentissement bien plus grand», estime M. Mesterházy. " En coordonnant et en conjuguant vigoureusement leurs actions – manière forte d’un côté, manière douce de l’autre –, l’OTAN et l’Union peuvent porter un coup d’une puissance et d’une portée bien supérieures aux résultats qu’elles seraient susceptibles d’obtenir chacune de leur côté. Myriam Benraad, spécialiste française du djihadisme et professeure à l’Université de Limerick, en Irlande, a parlé de la menace que fait peser Daech, expliquant qu’il convenait de mieux cibler les efforts déployés pour enrayer la campagne de radicalisation que le groupe terroriste a entreprise en Europe auprès de jeunes gens désabusés.
Si le djihadisme aux quatre coins du monde, c’est à cause d’internet », a dit Mme Benraad. "C’est un vrai problème qui continuera à se poser tant que nous n’aurons pas le courage d’intervenir, notamment sur les réseaux sociaux. L’Assemblée s’est également intéressée à la façon dont l’Europe pourrait renforcer ses capacités de défense. Un projet de rapport du sénateur français Jean-Marie Bockel indique qu’entre 1994 et 2014, alors que les dépenses de défense des pays européens de l’Alliance diminuaient pour la plupart, celles de la Russie et de la Chine augmentaient, respectivement, de 97 % et 167 %.
Si l’Europe aspire véritablement à conserver sa place sur la scène mondiale, de telles tendances ne sauraient perdurer », écrit M. Bockel. " Elle a besoin de capacités bien plus grandes pour que les pays membres puissent assurer une défense crédible des intérêts nationaux et collectifs en matière de sécurité. Elle doit aussi être en mesure de mener des opérations militaires dans un environnement sécuritaire de plus en plus complexe et menaçant. Le projet de rapport de M. Bockel traite plus spécifiquement de la façon dont l’Europe pourrait atteindre un meilleur rapport coût-efficacité en réduisant la fragmentation, les doubles emplois et les mesures de protection à l’intérieur de son industrie de la défense. M. Bockel précise notamment que le manque de coordination dans le secteur de la planification et des acquisitions coûte environ 24,6 milliards d’euros par an.
Pour que les gouvernements européens puissent gérer les dépenses, il faut impérativement que les achats de matériel militaire prennent un caractère plus collectif, que les forces armées soient mieux intégrées, que leurs équipements fassent l’objet d’une normalisation accrue et que la répartition des tâches soit mieux définie. L’Union européenne et l’OTAN devraient aussi coopérer davantage dans les Balkans, où les difficultés économiques et un sentiment de désillusion à l’encontre de l’Ouest créent un climat propice aux menées déstabilisatrices de la Russie, à la multiplication des discours et des postures nationalistes et à la montée d’un extrémisme confessionnel venu de l’étranger.
L’Union européenne et l’OTAN fournissent le genre de soutien institutionnel et les mesures incitatives qui permettraient de donner à l’idée de démocratie libérale une chance de s’épanouir dans la région », écrit le député britannique Richard Benyon dans un projet de rapport sur les Balkans occidentaux. « Les deux entités doivent rester profondément engagées vis-à-vis de cette partie du monde, de telle sorte que celle-ci puisse progresser sur la voie de la stabilité politique, de la sécurité et de la prospérité.