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Tbilissi, 28 mai 2017 – Les pays de l’OTAN doivent passer à la vitesse supérieure pour faire face aux menaces liées aux médias sociaux – des recruteurs de Daech aux propagandistes russes passés maîtres dans l’art de propager de fausses informations – qui cherchent à semer la peur et la division dans les sociétés occidentales, ont déclaré dimanche les parlementaires des pays de l’Alliance.
« La lutte contre ces nouvelles menaces doit être placée au premier rang des priorités de la communauté euro-atlantique », indique un projet de rapport examiné par l’Assemblée parlementaire de l’OTAN. « L’utilisation à des fins terroristes et autres usages hostiles des médias sociaux ont déjà provoqué la perte de vies humaines et menacent d’affaiblir et de diviser le monde occidental ».
L’auteure du rapport, la sénatrice canadienne Jane Cordy, a souligné l’impact positif des médias sociaux.
« Les médias sociaux élargissent le débat public, mettent en avant de nouvelles questions, donnent des moyens d’agir aux militants de la lutte anti-corruption et contribuent à mobiliser la société civile à travers le monde. Pour les régimes autoritaires, le coût de la répression augmente car il devient plus difficile de cacher les violations des droits humains », a-t-elle déclaré.
« Dans le même temps, l’architecture même des médias sociaux peut entraîner une ségrégation et une polarisation plus grande au sein de nos sociétés, et ce phénomène peut avoir un effet néfaste sur le modèle démocratique qui est le nôtre », a précisé Mme Cordy. « Les médias sociaux encerclent les internautes de gens qui pensent comme eux et les enferment dans des cocons idéologiques ».
Mme Cordy intervenait à la session de printemps de l’AP-OTAN à Tbilissi, qui a lieu quelques jours seulement après un sommet de l’Alliance à Bruxelles au cours duquel les dirigeants ont convenu d’adopter une réponse plus énergique face au terrorisme. Les membres de l’AP-OTAN ont examiné la façon dont les terroristes et les États hostiles mettent en place un processus « d’arsenalisation » des médias sociaux.
“Les médias sociaux, tels qu’ils se présentent aujourd’hui, sont transformés en armes de guerre, utilisés stratégiquement par bon nombre d’acteurs à des fins que nous pourrions qualifier de militaires : collecter des renseignements, cibler des individus et des réseaux, informer et influencer divers types de publics cibles ou encore lancer de véritables cyber-attaques », a déclaré Thomas Elkjar Nissen, consultant spécial du Royal Danish DefenceCollege, qui s’est adressé aux parlementaires.
L’exploitation efficace des réseaux sociaux par Daech et la Russie est considérée comme particulièrement préoccupante pour les pays de l’OTAN.
« La Russie de Poutine exploite et mobilise diverses formes de médias - dont les réseaux sociaux - pour atteindre ses objectifs de politique étrangère. Le Kremlin « arsenalisé » l’information en faisant des médias une arme d’illusion/distraction massive, et de fait un prolongement de sa diplomatie et de son armée », indique le projet de rapport. Daech a donné une nouvelle dimension à l’utilisation malveillante des réseaux sociaux ».
Parmi les tactiques utilisées par la Russie citons le piratage de comptes de personnalités éminentes et de médias occidentaux ; la publication d’informations personnelles concernant des opposants victimes de piratages ; et la diffusion de fausses nouvelles telles que l’annonce d’un soi-disant accident chimique qui se serait produit récemment aux Etats-Unis, ou l’histoire inventée de toutes pièces d’un soldat de l’OTAN qui aurait commis un viol en Lituanie.
L’OTAN et ses pays membres prennent des mesures pour faire face à ces menaces, mais le projet de rapport – qui devrait être adopté d’ici la fin de l’année – recommande de s’engager plus activement, notamment en chargeant des conseils de presse de mettre à exécution des normes objectives dans les médias ; en préparant davantage les jeunes aux valeurs d’un débat fondé sur des faits et la réflexion critique ; en améliorant la coordination entre les forces de sécurité pour mettre à mal la structure mise en place par Daech sur les réseaux sociaux.
« Il est important que la communauté euro-atlantique maintienne un sens moral élevé dans les médias sociaux et s’abstienne de recourir aux méthodes peu scrupuleuses de ses ennemis », écrit Mme Cordy. « L’ouverture, le pluralisme et l’inclusion sont indispensables pour démêler le vrai du faux ».
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