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Bruxelles le 17 mai 2017 - L’Arctique connaît un réchauffement deux fois plus rapide que la moyenne mondiale. Lors d’un récent séminaire organisé par l’Assemblée parlementaire de l’OTAN et le Parlement norvégien à Svalbard en Norvège les 9 et 10 mai 2017, les parlementaires de l’OTAN ont été informés que cette situation aura de graves répercussions à l’échelle internationale, y compris en matière de sécurité.
Plus de 50 parlementaires de 18 pays membres et partenaires, des hauts fonctionnaires gouvernementaux, dont Vidar Helgesen, ministre du climat et de l’environnement, et Marit Berger Røsland, secrétaire d’État au sein du ministère norvégien des affaires étrangères, ainsi que d’éminents scientifiques et universitaires se sont réunis pour évoquer le changement climatique dans l’Arctique et ses conséquences sur la coopération et la sécurité régionales. Kjerstin Askholt, gouverneure de Svalbard, a présenté le statut unique de l’archipel, tel que défini dans un traité signé à Versailles en 1920, qui octroie à la Norvège la pleine souveraineté de Svalbard, mais donne aux 45 signataires actuels les mêmes opportunités en matière d’opérations commerciales sur les îles que la Norvège.
Ce qui se passe dans l’Arctique ne reste pas dans l’Arctique A fait remarquer Vidar Helgesen, ministre norvégien du climat et de l’environnement. Selon les dernières estimations, d’ici la fin des années 2030, l’Arctique ne sera presque plus recouvert de glace, ce qui entravera profondément sa fonction de système de refroidissement de la planète. Ce phénomène aura des implications dans des lieux très éloignés, comme le Bangladesh, où jusqu’à 17 millions de personnes pourraient être délocalisées à cause de l’élévation du niveau de la mer.
M. Helgesen a souligné que « le changement climatique vient multiplier les risques sécuritaires à l’échelle mondiale » et aura un impact direct sur l’Europe. Il a rappelé aux participants que l’Europe était entourée d’États fragiles et que la crise humanitaire en Syrie avait été amplifiée par l’une des pires crises de l’eau de l’histoire du pays. En outre, les groupes terroristes utilisent l’accès à l’eau comme une arme. « Nous faisons face à un enjeu de civilisations », a-t-il déclaré. La civilisation humaine s’est développée dans une stabilité climatique qui n’existe plus. Kim Holmen de l’Institut polaire norvégien a ajouté que ... ... notre système climatique change si rapidement que notre capacité de prédiction s’affaiblit .
Sturla Henriksen, PDG de l’association norvégienne des propriétaires de navires, a rappelé aux participants que la fonte des glaces et le recul du pergélisol favoriseront l’accès aux ressources abondantes de la région arctique. Dans le même temps, le changement climatique rendra les infrastructures existantes dans l’Arctique, comme les pipelines, les voies ferrées et les routes, plus vulnérables. Il a exprimé son inquiétude quant au recul des glaces, craignant que celui-ci entraîne une augmentation des activités humaines alors que les systèmes d’aide en place ne sont pas suffisants pour gérer une telle augmentation. L’intervenant a mis en exergue le besoin de renforcer les infrastructures existantes, notamment les capacités de recherche et de sauvetage.
Marit Berger Røsland a expliqué que « la voie à suivre dans l’Arctique reposait sur la prévisibilité, la stabilité et la coopération ». Dans ce contexte, elle a également fait référence au Conseil de l’Arctique, indiquant que la Norvège souhaitait inclure davantage les observateurs de cette organisation dans ses activités et son travail. Elle a également signalé que, de manière plus générale, les tensions restaient faibles dans la région et qu’un cadre institutionnel et juridique existait afin de gérer les éventuels points de discorde. Dans la même optique, Oyvind Halleraker, chef de la délégation norvégienne auprès de l’AP-OTAN, a souligné que le Grand Nord était une région caractérisée par la stabilité et la coopération, y compris avec la Russie, et qu’il était dans l’intérêt de toutes les parties que cette situation se poursuive.
Les participants ont également posé des questions à propos des activités et des intentions de la Russie dans l’Arctique, dans la mesure où Moscou augmente le nombre de bases militaires et d’infrastructures russes dans la région. Plusieurs intervenants, dont le professeur Lassi Heininen de l’université de Laponie, ont déclaré que « l’Arctique était la destinée de la Russie », en raison de son importance dans le développement économique et la sécurité nationale du pays. D’autres ont exprimé leurs inquiétudes quant à la militarisation de l’Arctique par la Russie. Le fait que cette situation exige ou non une réponse de l’OTAN, éventuellement par l’augmentation de l’empreinte de l’Alliance dans la région, a été débattu sans, toutefois, aboutir à un consensus. Les différentes parties ont simplement convenu que la coopération devait être poursuivie autant que possible.
Le professeur Michael Byers de l’université de Colombie britannique a indiqué qu’à l’avenir, les actions et la présence de la Russie dans l’Arctique pourraient susciter des inquiétudes. Il a néanmoins expliqué que la présence de l’OTAN pourrait exacerber les tensions. D’autres intervenants, dont M. Helgesen, n’ont pas considéré l’engagement de l’OTAN dans l’Arctique comme étant en contradiction avec la mise en place d’une relation constructive et pacifique avec la Russie. Il s’est prononcé en faveur d’un engagement plus important de l’Alliance. Mme Røsland a insisté sur le fait que l’OTAN devait renforcer sa connaissance de la situation dans la région. Elle a également noté que la relation bilatérale entre la Norvège et la Russie devrait, si possible, se concentrer sur une coopération pratique.
Sverre Engeness, responsable de la garde côtière norvégienne, a soutenu que la Russie et la Norvège ont des intérêts communs dans l’exploitation des ressources de l’Arctique. Depuis plusieurs dizaines d’années, la Norvège applique une politique d’engagement et de coopération avec la Russie, en particulier dans l’Arctique. Bien que la Norvège et les autres pays de l’Alliance aient mis en place des sanctions à l’encontre de la Russie à la suite de l’annexion de la Crimée en 2014, la coopération entre la garde côtière norvégienne et la Russie dans la région arctique s’est poursuivie.
M. Helgesen s’est appuyé sur le thème de l’événement en annonçant qu’il convenait de se pencher davantage sur les corrélations entre le changement climatique et d’autres questions essentielles au développement et à la stabilité dans le monde.
La visite de cet archipel de l’Arctique a offert une occasion unique aux parlementaires de rencontrer des experts norvégiens et internationaux, chargés d’étudier les nombreux défis de l’Arctique. Le séminaire a également permis aux participants d’en connaitre plus sur les recherches sur l’Arctique menées au centre universitaire de Svalbard et à la Svalbard Global Seed Vault. En outre, ils ont visité le SvalSat de Svalbard, le plus grand téléport commercial terrestre au monde.
Les participants ont poursuivi leurs délibérations lors de deux événements distincts à Oslo et Kirkenes, près de la frontière entre la Norvège et la Russie. La sous-commission sur la coopération transatlantique en matière de défense et de sécurité (DSCTC) s’est rendue à Kirkenes, où ses membres ont pris connaissance des priorités de la Norvège concernant la sécurité dans l’Arctique et la coopération à la frontière entre la Norvège et la Russie. La sous-commission sur les relations économiques transatlantiques (ESCTER) et la sous-commission sur les relations transatlantiques (PCTR) ont continué leurs discussions à Oslo, où elles ont rencontré des hauts fonctionnaires norvégiens, dont la ministre de la défense Ine Eriksen Søreide. Plusieurs experts indépendants y ont abordé les priorités de la Norvège en matière de sécurité dans le Grand Nord, ainsi que les défis liés à la sécurité énergétique.
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